L’avocat de Michael Jackson parle

 

Thomas Mesereau Jr. (avocat de Michael Jackson), a participé à un débat à l’université de Harvard hier soir pour parler du problème du racisme dans la justice américaine, notamment lors du procès de Michael Jackson. Il était face à Dan Abrams, un avocat et journaliste qui travaille pour MSNBC et qui a suivi toute l’affaire Jackson depuis le début. Voici ce qu’il a dit :

« Dès le début (du procès) je me suis rendu à Santa Maria – et c’était la première fois que je travaillais là-bas -, je me baladais, j’allais au restaurant, en jeans, seul en général, rien d’extraordinaire. Evidemment, vu l’envergure du procès, au bout d’un moment on a commencé à savoir qui j’étais, à me reconnaître, et à me parler. Et j’ai découvert que Michael Jackson était extrêmement populaire dans cette communauté. Que ce soient des Blancs, des Hispano-américains, des jeunes, des personnes âgées, des enfants… j’ai constaté qu’ils adoraient Michael. Il était leur célébrité à eux. De tous les endroits de la Terre où il aurait pu vouloir habiter, c’est leur communauté qu’il avait choisie. Il était gentil avec eux. Quand l’Air Force lui ont demandé s’ils pouvaient utiliser Neverland pour tourner un film il a aussitôt accepté. Il avait une liste d’attente d’enfants défavorisés qui souhaitaient passer une journée à Neverland, et même si tout le monde n’a pas apprécié toutes les attractions, la plupart se sont bien amusés. »

« Michael et sa famille s’inquiétaient du fait qu’il n’y avait aucun juré Noir-Américain, mais pas moi. Plus j’apprenais sur cette communauté, plus j’apprenais sur l’affaire, sur mon client, sur l’histoire du tribunal de Santa Maria, et plus j’étais convaincu du fait que les jurés seraient justes.(…)
J’ai aussi découvert que la plupart des gens de la région pensaient que le procureur avait une vendetta contre Michael. Au début des années 90, Tom Sneddon avait essayé de faire inculper Michael Jackson par un grand jury, mais sans succès. Ce grand jury a délibéré pendant six mois et n’a condamné Michael sur aucun chef d’accusation. J’ai récemment parlé à un membre du grand jury de Los Angeles qui avait été affecté à l’époque, et elle m’a dit que ce jury avait du mal à croire les accusations, qu’ils pensaient plutôt que c’était une histoire d’extorsion de fonds. Au milieu des années 90, le procureur général s’est rendu en Australie et au Canada – se sont les deux seuls pays où je sais qu’il est allé, il pourrait y en avoir d’autres – pour chercher des victimes de Michael Jackson. Sans succès. (Là-bas) on lui a répondu d’aller se faire voir car Michael ne leur avait jamais rien fait. Il avait mis en place un site web relié à celui du shériff pour récolter des informations sur Michael Jackson. Et au bout du compte il a réussi à avoir l’affaire que vous connaissez tous. Pour moi cette affaire était une fraude totale. (…) C’était absolument injuste vis-à-vis de Michael Jackson. En ce qui concerne le problème de la race, pour les Afro-Américains, Michael Jackson est Noir, mais pour les Blancs, il transcende la couleur, il unit les gens. Et je suis convaincu que le jury l’a vu comme tel. Je n’ai jamais eu peur que ces jurés n’aient pas un jugement équitable. Je savais qu’ils n’allaient pas pénaliser Michael Jackson parce qu’il a les cheveux longs, parce qu’il a une grave maladie de peau – dont j’ai pu voir les résultats de mes yeux – appelée le vitiligo. Il m’a montré sa peau, quand on regarde son dos on y voit des taches brunes et blanches. Cela le met vraiment mal à l’aise, et il a choisi d’utiliser du maquillage très clair sur son visage plutôt que d’avoir des taches partout. Je ne pense pas que ce soit un crime de faire cela. Les médias disaient sans arrêt que Michael était bizarre, et moi je leur répondais d’allumer la TV tous les soirs pour voir des gens encore plus bizarres que lui. Oui il est différent, oui c’est un génie de la musique, oui il a eu ses propres problèmes, oui il est humain, mais non ce n’est pas un criminel. Ce n’est pas moi qui ai commencé à dire que l’on poursuivait Michael à cause de sa race, personnellement je pensais qu’on le poursuivait car c’était une grande star. (…) Je n’ai jamais, jamais voulu que cette affaire soit assimilée au racisme, je savais que cela ne nous aiderait pas. (…) En novembre 2003 on m’a demandé de représenter Michael, j’y ai longuement réfléchi mais j’ai dû refuser, car je représentais déjà Robert Blake et je ne pensais pas pouvoir gérer ces deux affaires à leur juste valeur. J’ai démissionné de l’affaire Blake en février, un mois et demi plus tard le frère de Michael, Randy, qui est un ami de longue date, m’a appelé pour savoir si je voulais bien y réfléchir à nouveau, et j’ai accepté. Toutefois, ce que j’avais vu à la TV avant cela m’inquiétait. Si vous vous souvenez, lors de la première audience préliminaire de Michael, on a pu voir la Nation de l’Islam en grand nombre à Santa Maria, faisant office de gardes du corps. (…) Je ne trouvais pas que cela allait aider à la défense de Michael, mais que cela le séparerait encore plus de la communauté qui allait le juger au lieu de l’y intégrer. Je lui ai expliqué ça très clairement. J’avais également pu voir aux informations que ses conseillers et avocats s’étaient donnés rendez-vous au Beverly Hills Hotel – un hôtel très chic de Los Angeles – pour mettre en place l’équipe qui assurerait sa défense, ils ont parlé d’une « Dream Team », et je me suis dit que c’était la mauvaise chose à faire, que cela n’aidait pas Michael, cela le séparait de sa communauté. Il fallait mettre en valeur le fait que Michael appartenait à cette communauté, et pas qu’il était à part, ou au-dessus d’elle, ou qu’il n’avait rien à voir avec ces gens. Je lui en ai parlé également. Ce qui m’importait, c’était de faire au mieux pour l’aider, pour sauver la vie de Michael Jackson, pas d’en faire toute une histoire morale ou politique. Vous vous rappellez peut-être que lors de la seconde audience préliminaire il n’y avait plus de Nation de l’Islam, il y avait certes quelques musulmans parmi les gardes du corps, mais rien d’aussi impressionnant, et puis plus de petites fêtes organisées à Neverland, plus de réunions au sommet à Beverly Hills, etc. Cela n’aurait pas aidé Michael. Mais à la fin du procès – et malheureusement on en a parlé dans les médias, donc je vais dire les choses commes elles sont-, le Révérend Jesse Jackson – que je respecte beaucoup, notamment pour ses efforts pendant et depuis la Guerre Civile – est venu (au tribunal), et cela ne m’a pas plu du tout. J’ai donc fait un communiqué, déclarant que personne n’était habilité à parler au nom de la famille Jackson car une injonction de la cour était toujours en vigueur. J’ai eu une discussion avec lui, lui expliquant qu’en le voyant sur place, les Blancs pensent tout de suite qu’il s’agit d’un problème de racisme qu’il vient dénoncer et combattre, et que cela n’allait pas m’aider à faire mon travail. Il est parti et a compris pourquoi je ne souhaitais pas qu’il soit là. Pareil pour le révérend Al Sharpton – qui comptaient venir sur place – qui a compris également. »

« (L’accusateur de 1993) n’est jamais venu témoigner, c’est celui qui a eu un arrangement à l’amiable. Je crois que l’accusation voulait le faire venir, mais j’avais des témoins prêts à déclarer que le jeune homme leur avait confié que rien ne s’était passé et qu’il ne parlait plus à ses parents à cause de ce qu’ils l’avaient obligé à raconter. Il s’avère également qu’il s’est volontairement et légalement fait émanciper. Sa mère a déclaré qu’elle ne lui avait pas parlé depuis onze ans. »

Peut-on penser que le procès de Michael Jackson repose sur d’autres facteurs politiques et financiers, notamment concernant sa part du catalogue Sony/ATV? Réponse: « Oui, certaines personnes souhaitent récupérer certains des biens de Michael, notamment le catalogue des Beatles, et ils auraient effectivement eu plus de chance d’arriver à leurs fins s’il avait été condamné. Il n’aurait eu aucun pouvoir sur les procès intentés contre lui, il ne serait allé au tribunal qu’en tant que criminel. Je suis convaincu que certaines personnes attendaient et espéraient qu’il soit condamné, ce qui leur aurait permis de venir prendre ce qu’ils voulaient. Je ne peux pas vous affirmer que ceux qui veulent le catalogue en font partie. Tout ce que je peux dire c’est que Michael aurait été incapable de se défendre contre ces affaires s’il était en prison. »

« Je suis convaincu que l’accusation aurait énormément apprécié l’idée de condamner la plus grande superstar au monde, et moins celle de détruire un homme Noir. (…) Je ne pense sincèrement pas que la race de Michael ait été le facteur principal de cette poursuite. Les avocats de l’accusation étaient vraiment vicieux, ils ont mis en cause la sexualité de Michael, ses finances, sa musque, sa façon de s’habiller… Ils étaient prêts à tout. Je suis allé à l’émission de Dan (…) après le verdict car il avait parlé de pornographie. Il a raison, on a trouvé environ 90 magazines érotiques chez Michael; Playboy, Hustler, Penthouse… il y avait ses empreintes dessus car il les avait achetées. Ils n’ont jamais trouvé de pornographie enfantine sur ses ordinateurs ou ailleurs, et j’ai utilisé cet argument pendant ma plaidoirie afin d’expliquer qu’il n’était pas un pédophile. Tout cela pour dire que tout ce que les médias ont pu rapporter ne reflétait pas forcément la vérité. »

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17 années il y a

ben tout est dit

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