Mercredi 7 janvier, une journée de travail normale, surtout une matinée dans mon cas. J’ai beau être accro à mon smartphone, je n’ai jamais le temps de trop me pencher dessus pendant la journée.
J’aperçois tout de même une news qui parle de fusillade. Je dois avouer que je n’y prête pas trop attention dans un premier temps.
J’entends dans un second temps que ça se passe dans un quartier très familier alors forcément, ça me fait réagir.
Je suis aller sur internet, surtout Twitter. Là, le monde s’est arrêté quelques instants. On lit, on relit, on cherche une sorte d’échappatoire, mais qui est bien sûr introuvable car…la réalité est devant nous, aussi horrible qu’elle soit.
Lorsque j’aperçois les premières vidéos sur internet, je n’ose pas les regarder. Mais ma curiosité l’a emporté. Je veux comprendre. Et j’ai vite compris.
Je suis tombé sur la vidéo du flic, Ahmed, qui s’est fait assassiner froidement et lâchement par l’un des frères. J’ai regardé deux fois la vidéo, sans accepter ce qui était devant moi.
J’ai vu d’autres vidéos, l’attaque de Charlie Hebdo, la puissance des coups de feu.
La France commence dès ce jour-là à retenir son souffle. Elle réalise petit à petit ce qui se passe, ce qui est arrivé.
Comme tout le monde, lorsque j’apprends la morts des dessinateurs, le monde s’arrête une seconde fois. Les gens se regardent, n’arrivent plus à réfléchir…mais surtout à comprendre. « Mais qu’est-ce qui se passe, bordel ?! »
La scène de crime est là alors que les deux tueurs sont en fuite.
En parallèle, un autre assasinat à Montrouge… Tout le monde se demande si c’est lié, même si ça deviendrait surréaliste. A première vue, ça ne l’est pas, alors que finalement, oui.
La parano commence à s’installer sérieusement, on retrouve sur Twitter des fausses alertes.
On arrive à vendredi qui sera la journée de clôture de cette histoire. Du premier round en tout les cas.
On sait où ils sont. Les frères Kouachi puis le tueur de Montrouge. Les premiers dans une imprimerie alors qu’ils cherchent à détruire la presse, les autres dans une épicerie cacher alors qu’ils ont la haine des juifs.
Ce n’est plus de la parano mais bien une réalité qui s’est installée en seulement 2 jours en France.
La fin arrivera vers 17h30, après deux assauts qui ont permis de tuer les 3 terroristes alors qu’une personne, la compagne de Koulibaly est encore introuvable.
Les images qui traînent sur le net font froid dans le dos. Surtout celle de l’HyperCacher, on voit tout, c’est impressionnant…
Ce samedi matin, la France se lève doucement, très doucement, n’est pas encore bien sûr d’avoir fait un mauvais rêve, alors reste accrochée aux actualités en se demandant ce qui va arriver ensuite. On le savait sans y croire mais c’est aujourd’hui bien officiel, notre pays est en guerre. Notre pays est la cible de nombreux terroristes. On ne sait plus de quoi est fait demain.
Dimanche, à 15h, de nombreux rassemblements sont prévus en France. Le plus importants se déroulera à Paris, place de la République.
Sans hésiter, dès mercredi, je suis devenu Charlie. Comme beaucoup d’autres d’ailleurs. Mais aujourd’hui, #JeSuisCharlie n’a plus la même signification. Avec le recul, je regarde tout ce qui vient d’arriver. Le journal, les dessinateurs, mais aussi (et surtout ?) ces gens moins connus dont on parle si peu. Ces anonymes, ces forces de l’ordre et ces…juifs ? Je préfère dire, à la limite, #JeSuisEux.
Le témoignage d’Audrey Pulvar me fait réfléchir, comme d’autres depuis mercredi. Bien sûr, il y a ce sentiment d’unité qui rassure, qui est important. Cette chaleur humaine échangée pour avancer et rester fort ensemble. Mais pourquoi maintenant ? Pourquoi faut-il cela ? Pourquoi faut-il que des gens connus soient assassinés pour provoquer tout ce mouvement ? Pourquoi pas avant, quand le journal ou ses dessinateurs rencontraient de nombreux problèmes ? Je suis le premier à ne pas avoir suivi ces problèmes et c’est un peu facile de dire tout ça maintenant, mais je crois qu’il faut réfléchir aujourd’hui sérieusement à la situation.
A Toulouse, lors de l’affaire Merah, des militaires et des enfants ont été tués, pour les mêmes raisons. Qui s’est manifesté ? Où était l’élan de solidarité ? Pourquoi plus aujourd’hui ? Est-ce seulement parce qu’une ligne a été franchis ? Je n’en suis pas certain.
Quoiqu’il en soit, on voit aujourd’hui ce dont est capable notre pays en cas de crise. Une bonne partie de notre pays en tout cas. Cela n’empêche de lire des témoignages peu compréhensible, des gens qui comprennent ce qui vient de se dérouler et qui s’estiment heureux. Et je ne parle pas des tweet absolument ignobles.
On pourrait réfléchir encore et encore, chacun de son côté, avec ses pensées. On a tous un avis, un point de vu, des réflexions…mais je me demande si tout cela ne devient pas inutile. Les faits sont là, la réalité nous a rattrapé. Pensons simple et efficace, allons de l’avant.
Comme d’autres, j’ai ressenti ce jour comme le 11 septembre 2001. A tort ou a raison, peu importe. Avançons ensemble et faisons ce qu’il faut. Ensemble.
[…] tout son sens. Même si nous le savions depuis longtemps, notamment avec les événements de Charlie Hebdo, je me demande pourtant aujourd’hui à quel point nous l’avions réalisé. […]